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Ferme de Messagendre : des éleveuses aux projets plein la tête
(Drôme Fil de l’actu Filière animale)
A Menglon, Léa, Julia et Julie sont associées en Gaec au sein de la ferme de Messagendre. Elles y élèvent des brebis laitières et allaitantes tout en expérimentant de nouvelles recettes pour transformer leurs produits commercialisés en circuits courts et vente directe.
Trois agneaux viennent de naître à la ferme de Messagendre. Julia, Léa et son fils prennent soin d’eux. © EP
Dans le Diois, à quelques kilomètres du centre-bourg de Menglon, Léa Mignot, Julia Roussel et Julie Allibe sont associées dans le Gaec de Messagendre. Avec 120 brebis, dont 50 allaitantes et 70 laitières ainsi que 16 hectares de surface agricole, les trois agricultrices se sentent enfin sereines. En janvier 2023, elles ont racheté la moitié de cette ferme où elles ont fait leurs premières armes dans l’élevage.
Entre départs et arrivées
Après une partie de sa vie en Bretagne et un BTS production animale en poche, Léa Mignot devient salariée de la ferme de Messagendre, créée en 2009 par Claire et Philippe Stahl. Puis elle rachète une part du Gaec en 2015. Le couple est alors associé avec leur fils, Benjamin. En 2018, ils prennent leur retraite et Julia Roussel rejoint le groupement, après une vie à voyager et l’obtention de son BPREA. Très vite, Julie Allibe, auparavant doctorante dans les sciences et reconvertie en boucherie, rejoint l’exploitation comme salariée. C’est après deux années de réflexions sur le futur de la ferme que les propriétaires leur vendent la moitié de l’exploitation, Benjamin ayant décidé de quitter le Gaec.
« On a envisagé de prendre nos brebis et de s’installer ailleurs », se rappelle Julia Roussel. Mais le compromis des propriétaires de scinder la ferme en deux leur a permis de rester et d’imaginer un futur. « On va pouvoir se concentrer sur des aménagements, sur l’amélioration de la ferme », expliquent les éleveuses. Le soulagement est bienvenu pour celles qui adorent leur lieu de travail : « Philippe a vraiment bien pensé à l’aménagement de la ferme, pour nous c’est super de pouvoir y travailler ». Conscientes qu’il n’est jamais facile de transmettre son exploitation hors cadre familial, elles savent bien que la décision n’a pas été simple pour le couple de retraités, même si leur fils garde l’autre moitié.
Expérimenter et innover
L’un des volets qu’elles souhaitent développer au sein de leur exploitation est l’expérimentation au travers de la vente de produits transformés. Elles élaborent par exemple du confit d’agneau de lait à la moutarde de Menglon, de la carbonade d’agneau de lait avec la bière la Bascule, produite à Châtillon-en-Diois, ou prévoient de réaliser des flans aux œufs. « Ces produits sont vendus en direct », précise Léa Mignot. Et ils sont plutôt très appréciés. En effet, grâce à leur confit d’agneau, elles ont remporté la médaille de bronze lors de l’édition 2022 du concours Fermier d’or, réservé aux agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes, dans la catégorie « produits fermiers innovants à base de viande ». Auparavant elles avaient remporté la médaille d’or pour leur yaourt de brebis et une médaille d’argent pour leur tomme pur brebis.
Mais les trois éleveuses ne comptent pas en rester là et envisagent de présenter à nouveau des produits lors de l’édition 2023 du concours régional. Elles planifient aussi l’ouverture d’un laboratoire de transformation. Pour l’instant, elles louent un laboratoire et une cuisine à Troupéou situé à Bourdeaux, à une soixante de kilomètres de là. « L’idée est d’installer un laboratoire de transformation pour éviter de faire la route plusieurs fois par semaine », souligne Léa Mignot. Elles voient cette évolution comme une continuité de leur travail : « Il y a une cohérence de pouvoir suivre un animal de la naissance à l’assiette, d’avoir l’une d’entre nous qui est là pour la mise-bas jusqu’à la transformation de la viande », explique Julia Roussel. Julie Allibe, la bouchère du Gaec, travaille aussi à l’abattoir de Die, un outil intercommunal où les éleveurs du territoire effectuent l’abattage des bêtes selon un calendrier de permanences.
S’adapter au changement climatique
À la ferme de Messagendre, Léa, Julia et Julie ont bien en tête leur futur, et cela passe par des circuits de commercialisation au local. Leurs yaourts de brebis et fromages sont vendus dans les magasins de proximité, soit de la grande distribution, soit des petites épiceries de village, des enseignes bio ou des magasins de producteurs. Les marchés et la vente à la ferme permettent au Gaec de bien se développer : « C’est vrai qu’avec la vente directe on gagne mieux notre vie, même si on travaille plus », analysent les éleveuses.
Pour poursuivre leur développement et être plus à l’aise dans leur élevage, elles recherchent six ou sept hectares à vendre ou à louer aux alentours de Menglon. Elles réfléchissent aussi à une possible réduction du troupeau pour « éviter de courir après les foins ». Les questions climatiques occupent beaucoup de place dans leurs réflexions sur le futur : « On se questionne par exemple sur la récupération de l’eau dans la fromagerie », indiquent-elles. Même si elles louent déjà leur toit pour des panneaux photovoltaïques, elles s’interrogent sur la possibilité d’en poser de nouveaux pour une auto-consommation. Autre réflexion : la plantation de haies pour recréer une certaine biodiversité. Autant de projets qu’elles auront le temps de faire aboutir maintenant qu’elles sont propriétaires.
120 brebis, dont 50 allaitantes et 70 laitières, constituent le cheptel du Gaec. Les éleveuses attendent une soixantaine d’agneaux cette année.
Elodie Potente
© EP